Vignes, pommes et belles couleurs, j'suis là.

Zouave ducal Nombre de messages : 512 Date d'inscription : 27/03/2012

Suzette m'avait envoyé une missive me précisant qu'elle était partie en voyage... et sans moi!... qu'elle avait plein de nouvelles à m'annoncer mais qu'elle ne pouvait pas m'en parler maintenant et qu'elle souhaitait me faire une proposition mais pas une proposition indécente : que je vienne lui rendre une visite dans sa Grande Maison. Mais c'est quoi une Grande Maison d'abord ? Une maison de grande taille ?

Après renseignements pris auprès de mon amie Suz' et de ma blonde tante, une Grande Maison était un rassemblement de personnes autour d'un maître. Ces gens le servaient, l'aidaient et rendaient des services à la Champagne, ma nouvelle terre d'accueil. Une communauté de gens donc réunis dans un but précis et autour d'une personne!
Une secte quoi^^...

J'avais longtemps hésité. Je suis du genre plutôt solitaire, sans attaches, menant ma petite vie comme je l'entends. Simplement, parfois, il est difficile de refuser des choses surtout lorsqu'elle viennent d'ami(e)s chèr(e)s et dont Jolie Suzette faisait partie. Sans compter qu'elle avait su trouver les mots... maison atypique, des membres hors normes mais un peu fourbes - si, si elle l'a dit ! - où mes divines couleurs se mélangeraient à merveille.

Hum...

Trop facile de m'acheter en flattant mon plumage!

[27 mars. Expédition vers la Grande Maison]

Ainsi donc, de bon matin, voilà que je revêts mes plus beaux atours. Ma toque jaune pour m'assortir à la journée ensoleillée, ma chemise blanche pour faire ressortir le teint de ma peau légèrement hâlé, des braies rouges pour la sensualité, une ceinture bleue pour faire ressortir le bleu de mes yeux, mes chaussettes vertes pour mon côté "proche de la nature" et des chausses cyan pour se marier divinement avec tout le reste.
Parfait!
Mon sens de l'harmonie des couleurs et mon goût pour la belle vêture est décidément sans égal.

Empruntant le plan que Suz' m'avait confié, je prends donc la route et quitte mes vignes chéries pour la demeure solitaire. Déambulant à travers bois, courant, je profite du paysage. Je ramasse quelques pommes au passage dans un verger, les engloutissant pour combler ma faim, tout en chantonnant.

Quand l'appétit va, tout va
Quand l'appétit va, tout va
Vidons les futaille, à nous la ripaille
Quand l'appétit va, tout va

Quand l'appétit va, tout va
Quand l'appétit va, tout va
Vive les quenottes, qui croquent et grignotent
Quand l'appétit va, tout va

Écoutez ce qui va suivre
Le vieux proverbe est changé
On ne mange pas pour vivre
Il faut vivre pour manger

Quand l'appétit va, tout va
Pour la santé y'a que ça
La pire émotion, c'est quand on a son
Estomac dans les talons

Un bon repas sans fromage
C'est une bête qui n'a qu'un oeil
C'est un oiseau sans plumage Damnation, un oiseau sans plumage!
Une forêt sans écur... *

Un bruit! Stoppé net dans ma chanson. Diantre. Craquement de branches, des grognements. Je me retourne lentement m'attendant au pire.
En vue, des chiens peu aimables, un homme tout aussi peu aimable...
Et si ?
Oups... boulette!
Et si les pommes appartenaient à un verger qui lui-même avait un propriétaire ? Prenant mes jambes à mon cou, je file à vive allure sans demander mon reste

Et me voilà coursé par une horde de gros chiens et un homme bourru et bedonnant qui hurle.

Garnement, voleur, attend que j'te choppe, j'vais t'faire passer l'envie d'me voler mes fruits sournoisement. Té, morveux! J'vais t'faire bouffer ###@@@@!!!! Passage censuré pour contenu pouvant choquer les âmes sensibles.

Je détale comme un lapin de garenne, m'excusant d'un geste de la main.

Pardon, M'sieur, j'croyais qu'c'était des pommes sauvages.

C'est vrai en plus quoi. Après plusieurs minutes de courses endiablées, plus d'aboiements, plus de chiens mais je ne perds pas la cadence et c'est à bout de souffle que j'arrive devant les grilles du château

* Asterix et Cléopâtre

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie »
La Barbe-Bleue

Suzette faisait les cents pas aux abords de la grille du domaine.
Viendra ? Viendra pas?
C'est que le néo-champenois avait du se faire prier pour venir. Sans doute avait-il encore en travers de la gorge son arrivée tumultueuse à Maizières et aussi la rancune tenace de sa nuit passée en geôle à Bordeaux. Celle là, Suzette en entendrait parler toute sa vie.
Elle scrutait l'horizon, cherchant une tache colorée mais rien.
Il n'avait quand même pas osé lui faire ça: décliner son invitation alors qu'elle avait employé les grands moyens pour aiguiser sa curiosité et ainsi l'obliger à venir. Elle avait même dressé de Bourmont un portrait proche de l'asile pour le motiver.
Pour passer le temps, elle s'installa dans la guérite de Cortès, momentanément absent pour raisons militaires. Elle fouilla un peu, cherchant la bouteille de gentiane qu'elle lui avait rapporté de voyage.
Bingo, elle trouva. Elle prit un verre et le remplit puis la remit dans la planque ni vu ni connu.
Alors qu'elle somnolait sur une chaise, les pieds sur le bureau, un lointain raffut la tira de sa léthargie.
Elle bondit, tendit l'oreille et perçut les aboiements d'un chien ainsi que les vociférations du paysan du coin.
Aucun doute, il ne pouvait s'agir que de Xilon. Il ne savait pas être discret et trouvait toujours le moyen de se faire remarquer.

Après de longues minutes, elle le vit apparaître sur la ligne d'horizon. Il arrivait en courant... quelle originalité ! Etait-il donc si content de venir?
C'est un Xilon sans souffle, sans voix et rouge écarlate qui arriva.
- Quelle arrivée ! Tu fais la course avec qui?

C'est qu'il était au bord de la syncope !
- Viens t'asseoir !
Elle le fit entrer dans le poste de garde, le fit asseoir sur une chaise et ressorti la gentiane faute d'avoir de l'eau à portée de main.
Elle remplit généreusement un verre et le tendit à Xilon :
- Tiens, bois un coup, tu dois mourir de soif...

Elle se forçat pour ne pas éclater de rire et lui lança, d'un air solennelle et -surtout- espiègle :
- Sois le bienvenu à Bourmont dans cette grande Grande Maison.

Elle patienta un peu, qu'il reprenne ses esprits.

Zouave ducal Nombre de messages : 512 Date d'inscription : 27/03/2012

[Cours Forest, Cours *]

Courant comme un forcené, Suzette m'ouvre les grilles et je m'engouffre dans le domaine sans aucune mesure.

Merci, hu, hu, Suzette, dis-je en posant les mains sur mes genoux pour reprendre mon souffle.

Puis t'moques pas... J'sais pourtant bien que j'ne devrais jamais t'écouter. Si j'finis pas en geôle, j'manque d'me faire alpaguer et épingler contre un mur par un garde protecteur et là, d'me faire bouffer.
J'viens d'me faire courser par une horde de bêtes féroces, s'arrête pour respirer, des Loups, j'pense.

Mensonge!
Odieux mensonge, je le reconnais mais avouer à Jolie Suz' que j'ai détalé comme un lapin devant des chiens et un paysan en rogne parce que j'ai volé par mégarde, ça jamais ! Elle se bidonnera pendant des jours et des jours, comme lorsque j'ai fini en geôle à Bordeaux. J'ai ma fierté. Et ce même si elle a probablement entendu les aboiements et les vociférations de ce fou furieux, je dois faire comme si de rien était !

Vous devriez faire attention.

Et vas-y que je remets une couche de ma mauvaise foi.
Suzette m'invite alors à m'installer dans le poste de garde pour reprendre mes esprits et me servit un verre que je descend d'un trait. Alors que l'alcool, car à n'en pas douter c'en est, me brûle le gosier, le tuyau de gosier et l'estomac, je grimace allègrement avant de lui dire en riant.

T'veux m'tuer ma parole, Suz' ou quoi ? C'est pas bon ton truc! Mais merci pour ton accueil.

Alors c'est ici que t'habites quand t'es pas à Compiègne ? C'est la Grande Maison ?

D'un oeil curieux, je balaie le domaine, des arbres, un château - j'savais bien que dans une Grande Maison, y avait forcément une grande maison -, une forêt.

C'est joli. Et ça fait longtemps que t'es ici ?

Me tapant sur le front du plat de la main, je sors une bouteille de champagne de ma besace et lui tend.

Avec cette horde de Loups et ces émotions, j'ai oublié!
Tiens, c'est pour toi mais à ta place, j'attendrai un peu pour l'ouvrir.

* Forest Gump forcément^^

Xilon mentait mais Suzette ne pouvait pas le savoir.
Pire encore, le périgourdin avait trouvé, sans le savoir, un argument tout à fait plausible.
- Des loups? Si je ne me trompe pas, des battues ont été organisées dernièrement par la Grande Maison, faudra que je souffle l'idée d'en refaire une. Tu te joindras à nous et tu nous montreras où la meute t'a pris en chasse.
Tel est pris qui croyait prendre ou l'arroseur arrosé. Le mensonge de Xilon était en fait un sujet pris très au sérieux à Bourmont.

Voilà qu'en plus, il faisait la fine bouche :
- C'est de la gentiane, tu connais quand même ! Bon, j'ai bien compris que ce qui était à base de plante ne te passionnait pas mais il n'y avait rien d'autre. Ici, c'est le bureau de Cortès, et l'eau lui donne de l'urticaire. Et puis au lieu de ronchonner, estime toi heureux d'avoir été accueilli par moi. Cortès t'aurait glacé le sang.
Elle éclata de rire en repensant à l'écuyer qui avait fini dans les douves, presque noyé. Un accueil à la Cortès, rien de bien anormal...

Ils sortirent du poste de garde, Xilon regardait tout autour de lui.
- Oui, c'est ici que je vis, presque en permanence quand je ne suis pas retenue par la caserne. J'y vis depuis août dernier je crois. C'est ici que j'ai été soignée. Un véritable havre de paix.

Il lui offrit alors une bouteille de champagne, issue de sa propre vigne :
- Ben ça ! Merci alors ! On attendra juste que les bulles se calment un peu avant de déguster ! Et il faudra que tu me montres ta cave, tes vignes et l'art de la taille. Histoire que je vérifie ta thèse sur l'observation des ceps de Bergerac...

Elle le prit par le bras et le guida dans cette direction

Zouave ducal Nombre de messages : 512 Date d'inscription : 27/03/2012

Voilà ce que ça apporte d'être un vil menteur. Me grattant la tête un brin gêné , je tente de sauver la face en souriant.

Hum... Ahum... Oui, bien sûr, j'vous montrerai où j'ai été pris en chasse.

Hop, petite pirouette !

Mais bon, c'n'était peut-être pas des Loups. T'sais, j'courais donc j'ai peut-être pas bien vu non plus. C'était peut-être des sangliers... ou bien des chiens enragés.

Voilà mon mensonge à moitié avoué, et donc sûrement inconsciemment à moitié pardonné aussi. Suzette me fait une visite des lieux m'expliquant que c'est ici qu'elle a été soignée. C'est vrai que j'oublie sans arrêt que l'arrivée de mon amie en Champagne s'est faite dans le sang. Mon bras lié à celui de Suz', je la suis dans le domaine zyeutant à gauche et à droite, un peu émerveillé de ce que je vois.

J't'apprendrai l'art de la taille et de l'observation de la pousse des vignes. Il faut beaucoup de patience et de minutie, t'sais. Faut pas couper au mauvais endroit par exemple, sinon le fruit ne pousse pas.

La suivant, j'entre dans le salon.

» Les Vignes